Climfourel - Adaptation des systèmes fourragers et d'élevage péri-méditerranéens aux changements et aléas climatiques, un projet tri-régional Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées.

 

Contexte

Adaptation des systèmes fourragers et d'élevage péri-méditerranéens aux changements et aléas climatiques, un projet tri-régional Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées.

Au plan géographique et agricole, les trois régions Rhônes-Alpes, Midi-Pyrénées, et Languedoc-Roussillon s’organisent selon un axe central de plaines consacrées aux productions végétales, aux axes de communication et aux villes (arc Toulouse-Montpellier-Lyon). Mais dès que l’on s’écarte de cet axe vers les contreforts du Massif Central, des Pyrénées et des Alpes, l’élevage devient l’activité agricole principale. C’est le cas sur 30 à 50% de la superficie agricole des trois régions.

L'élevage : une activité à maintenir

Le maintien de l’élevage est primordial pour l’économie et la gestion de ces territoires généralement accidentés et peu peuplés. Une partie importante de ces régions d’élevage constitue l’arc péri-méditerranéen (ouest des Pyrénées Orientales, bande sud du Massif Central de l’Aveyron à l’Ardèche, Drôme), mais la combinaison latitude x altitudes (territoires entre 300 m et plus de 1000 m) fait qu’elles sont historiquement rattachées à l’étage bioclimatique océanique tempéré à semi montagnard, donc assez bien arrosées. Cependant le dispositif d’indemnisation de type « sécheresse calamité agricole », prévu pour répondre aux années exceptionnelles, a dû être déclenché sur tout cet arc avec une fréquence très anormale au cours des dernières années.

Des sécheresses, conséquences du changement climatique

Une telle répétition, très lourde à supporter par l’état, les collectivités, et les éleveurs eux-mêmes, conduit à s’interroger sur le caractère conjoncturel de ces sécheresses sévères. On peut raisonnablement poser l’hypothèse qu’il s’agit de la manifestation concrète des évolutions annoncées par les modèles de changement climatique pour le Sud-est de la France. Ces simulations pour le 21ème siècle comportent des variations, voire quelques contradictions, mais elles s’accordent à prévoir dans le Grand Sud français, au moins jusqu’en 2030-40, une remontée de l’influence méditerranéenne, avec un fort ccroissement du déficit hydrique de mai à août ou septembre par un double effet :

  • raréfaction des pluies d’été et augmentation de l’évapotranspiration potentielle due à l’accroissement des températures. Le climat des dernières années traduirait concrètement ces changements ;
  • l’inadéquation des ressources fourragères aux besoins des troupeaux tendrait à devenir structurelle du fait d’une réduction des potentialités.

 

La séquence climatique récente (2000 à 2007) pourrait donc correspondre au climat moyen de la décennie à venir. Or la plupart des prospectives régionales d’évolution de l’élevage (ex : LORA 2020 en Rhône-Alpes), ont omis d’évaluer les impacts du changement climatique.

Illustrations : Après trois mois de sécheresse à Montpellier sous abris, les variétés d’origine tempérée (dactyle Porto, fétuque élevée Soni) sont entièrement mortes (photo 1), tandis que les méditerranéennes (dactyle Medly et Kasbah, fétuque Fletcha) ont bien résisté (photo 2).

 

Le changement climatique en France

L'augmentation des températures en France au cours du XXème siècle est de l'ordre de 1°C, principalement depuis 1985.

Le réchauffement est légèrement plus marqué sur le Sud que sur le Nord du pays. La température a davantage augmenté en fin de nuit (température minimale) que le jour (température maximale). Les disparités sont fortes entre les régions et selon la saison.

Quel climat pour la France au XXIème siècle ?


Météo France a procédé a des simulation du climat sur la France et a établit différents scénarii en fonction de la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Les principaux changement entre 2000-2005 seront :

  • Des problèmes de sécheresse croissants.
  • Une augmentation de 2 à 3°C en moyenne sur l'année.
  • Une baisse de la pluviométrie estivale.
  • Une augmentation de la sécheresse (le bilan P-ETP de mai à août diminuera car directement lié au potentiel de croissance, de biomasse, de fourrage...).
  • Le potentiel de croissance d'octobre-novembre et de mars-avril augmentera.
  • Les phénomènes extrêmes seront plus fréquents (comme les fortes pluies d'automne-hiver, ou une sécheresse automne-hiver).




Des problèmes de sécheresse croissants


Le système calamité agricole sécheresse, prévu pour être exceptionnel (1 an / 10) s’est déclenché avec une fréquence exceptionnelle depuis 2000 (en 2003, 2005 et 2006), sur l’ensemble de l’arc péri-méditerranéen. .

Illustrations : Dernières calamités des élévages (prairies fourrages) dans quatre départements d'élévage de l'arc péri-méditerranéen (Ardèche, Drôme, Aveyron). Source DRAF.

Les systèmes d’élevage de ces régions sont ils structurellement adaptés aux potentialités fourragères actuelles (en baisse en été) ?

Sélection et adaptation

La sélection naturelle (ou artificielle) mène à des écotypes (variétés) adaptés à leur environnement.

Climat tempéré


Les variétés fourragères typiques des climats tempérés présentent une croissance active printemps-été-automne, une dormance hivernale imposée par les basses températures. On cherche à leurs donner une « résistance » à la sécheresse afin de maintenir une croissance pendant les courtes sécheresses typiques de ces milieux.

Climat méditerranéen semi-aride


Les variétés typiques des climats méditerranéens semi-aride présentent une croissance active automne-hiver-printemps, une quiescence, ou dormance, estivale imposée par la sécheresse. On cherche à leur donner une « tolérance » à la sécheresse afin d'assurer leur survie estivale sans croissance pendant plusieurs semaines (ou mois plus au sud).

Zones intermédiaires


Dans les zones intermédiaires [42-44°N actuellement], les 2 types de variétés (Lutetia, Medly) sont utilisées mais plus ou moins bien adaptées selon la réserve hydrique du sol (profondeur, texture) et le climat de l’année (altitude importante).

Illustrations : Reprise d’automne après forte sécheresse de dactyles tempérés / méditerranéens

L’hypothèse est que les zones concernées par l’étude sont en train de basculer franchement dans cette situation intermédiaire.

 

Objectifs

L’objectif général de CLIMFOUREL est d’évaluer cette dimension et de la relier aux autres facteurs d’évolution.

Les objectifs du projet sont de :

  • Vérifier la réalité du changement déjà engagé, préciser son ampleur récente, et évaluer les risques à terme de 20 à 30 ans, à l’échelle des petites régions. Cet éclairage précis est nécessaire pour fixer l’importance des adaptations structurelles à opérer dans les systèmes d’alimentation animale ;
  • Préparer et proposer des solutions à différentes échelles (parcelle, exploitation agricole, petites régions) pour en réduire les impacts sur les activités d’élevage qui structurent les arrière-pays ;
  • Transférer aux organismes de développement, qui sont en très forte attente face à ces difficultés, des méthodes de diagnostic et de conseil qui tiennent mieux compte des aléas et contraintes climatiques pour définir les voies d’évolutions des systèmes d’alimentation et systèmes d’élevage, dans leur diversité.


 

 

 



Trois groupes de travail

Le groupe de travail est structuré en trois « équipes » inter-organismes et inter-régionales, qui associent étroitement recherche, développement et et formation agronomique, deux formations de mastère 2 Supagro étant engagées : Productions Végétales Durables et Elevage en Milieux Difficiles, soit 15 à 20 étudiants mobilisés dans des analyses par petites régions.

Le projet va être doté d’un comité de suivi (6 à 9 personnes (dont au moins deux par région).

Un projet décliné en six tâches

  • Diagnostic et modélisation des impacts climatiques sur le potentiel de production fourragère : on testera l’hypothèse en évaluant précisément la réalité du changement climatique et son ampleur en termes d’évolution des moyennes et des variations interannuelles des variables climatiques, mais aussi en termes de potentialité de production fourragère.
    Cette étape est réalisée en paramétrant un modèle de croissance fourragère (STICS-herbe) pour les conditions extrêmes qui se sont produites (ex : 2003) ou qui sont susceptibles de se produire dans les 20 à 30 ans, et de l’appliquer aux séries climatiques passées ou aux données climatiques générées par les simulateurs du changement climatique.
  • Diagnostics des systèmes d’alimentation et des systèmes d’élevage : ce diagnostic sera conduit par enquête dans les exploitations agricoles pour identifier plus précisément les problèmes, éventuellement les adaptations conjoncturelles ou plus structurelles mises en oeuvre par les éleveurs.
  • Analyse de l’adaptation du matériel végétal et étude d’innovations fourragères adaptées : on analysera ici avec des sélectionneurs le degré d’adaptation du matériel végétal aux conditions de milieu en testant sous diverses formes, dans les exploitations agricoles du matériel végétal plus méditerranéen (plus poussant en hiver, plus tolérant en été).
  • Conception de conduites innovantes des systèmes d’alimentation pour sécuriser les systèmes d’élevage : des solutions seront définies et proposées en combinant des innovations végétales, des organisations différentes des systèmes fourragers, et éventuellement des modifications de systèmes d’élevage.
  • Valorisation des diversités territoriales pour l’adaptation des élevages aux contraintes climatiques. Ici on cherchera à identifier des cas où les solutions de sécurisation peuvent se trouver en externe, dans des formes d’association ou d’organisation collective valorisant les complémentarités.
  • Programme de diffusion, valorisation et démonstration.

Ces deux dernières tâches seront pilotées par les acteurs du développement.


Mise à jour le Mercredi, 06 Juillet 2011 09:21

 

Plaquette de présentation